Indice de position sociale des collèges d’Ille-et-Vilaine

Le ministère de l’Education nationale a communiqué, sous la contrainte d’une décision de justice, les indices de position sociale des collèges. Cette publication permet d’interroger la géographie des établissements du second degré dans le département d’Ille-et-Vilaine.

Cartographie et quelques pistes de réflexion tirées de l’analyse de l’Indice de Position sociale des collèges d’Ille-et-Vilaine.

Carte de l’indice de position sociale des collèges en Ille-et-Vilaine

La carte de l’IPS des collèges du département 35 est conforme à la géographie économique et sociale du département, avec un gradient suivant l’organisation centre/périphérie, le long des axes de circulation en étoile.

Un centre constitué par la métropole rennaise, avec de nombreux établissements à fort ISP mais qui côtoient des établissement à faible ISP, d’où une moyenne de 104. Cela pose la question de la carte scolaire, du jeu du réseau privé et de l’attribution des moyens.

On peut noter que la première couronne périphérique de Rennes est assez homogène avec des IPS compris entre 110 et 130.

Plus on s’éloigne du centre métropolitain (ou que son accessibilité se réduit), plus les ISP s’affaiblissent, et tombent sous la moyenne académique (105,4) à la lisière du département.

L’indice de position social -qui découle de la position socio-économique de la population des familles d’un établissement- est plutôt favorable dans les établissements de l’agglomération rennaise, avec un IPS moyen de 114,7.

Rennes, la question centrale de la carte scolaire

L’indice de positionnement social -qui découle de la position socio-économique de la population du bassin- est plutôt favorable dans les établissements de l’agglomération. IPS moyen de 114,7. Mais cette moyenne cache de gros écarts (minimum : 72,7 ; maximum : 141,1) selon la localisation (centre-ville) mais surtout le réseau des établissements (privé).

L’IPS des collèges de l’agglomération rennaise.

Sur les 16 collèges dont les IPS sont les plus élevés (>120) : 10 sont privés, 6 publics. Les quatre dont l’IPS est le plus élevé sont des établissements privés. Le collège dont l’IPS est le plus élevé dans le département est un établissement privé de centre-ville de près de 1000 élèves. Or, sur les neuf collèges dont l’IPS est inférieur à 100 : sept sont publics, un est privé. Et parmi eux, cinq ont un IPS inférieur à 85.

Corrélation entre les IPS et les effectifs des collèges rennais.

Les deux collèges dont l’IPS est le plus faible sont Rosa Parks (72,7) et les Chalais (77,2) qui ne sont pas classés REP+. Cela interroge les critères de classement retenus par le rectorat.

Les écarts sensibles d’IPS traduisent bien une différenciation des publics scolaires entre les différents établissements de la métropole régionale.

Quels enseignements tirer ?

Trois questions majeures se posent pour les territoires qui présentent un réseau d’établissements important :

1 / Quels sont les critères retenus par le rectorat pour classer les établissements en Education prioritaire ?

2/ Quelles sont les clés d’attribution des moyens aux établissements au regard de leur difficultés, notamment pour les établissements dont l’IPS est plus faible ? Moyens en DGH mais aussi en personnels pluriprofessionnels : infirmiers, assistants sociaux…

3/ Quels sont les principes et les critères retenus pour établir la carte scolaire afin de favoriser la mixité sociale dans les territoires et éviter les boucles de rétroaction négatives ou positives qui peuvent déstabiliser des établissements ? Cela implique de poser la question de la place du réseau privé, qui s’il prétend assurer une mission de service public, n’est pas soumis aux mêmes contraintes en pouvant « choisir » leurs élèves ou permettre une dérogation à la carte scolaire.

C’est la question même de la prétendue « complémentarité » entre les réseaux qui est ici posée. Non seulement le réseau privé n’est pas astreint aux mêmes contraintes que le réseau public pour l’inscription des élèves, ou pour en refuser l’inscription, mais il a tendance à investir des dispositifs comme les CLA(1) pour capter des moyens.

(1) Privé et CLA : un pied dans la porte de l’éducation prioritaire – SNES-FSU

Le Service public ne doit en aucun cas s’effacer au profit du privé, que ce soit pour l’implantation des établissements, que pour la question des enseignements dispensés (les options notamment) ou le soutien scolaire.

Cela renvoie donc plus globalement à la question de la carte scolaire – enjeu de mixité sociale – qui doit guider à équilibrer au maximum les établissements, et celle des dotations allouées aux établissements.

Il convient donc de repenser la carte scolaire qui a été fortement fragilisée depuis le mandat Sarkozy. Il convient également d’intégrer le facteur « IPS » pour affecter les dotations afin de limiter les effectifs par classe dans les établissements aux publics plus fragiles et leur permettre de renforcer l’accompagnement scolaire.


Les cartes de l’IPS des collèges d’Ille-et-Vilaine ont été réalisées par mes soins et peuvent être téléchargées ici : cartes des IPS des collèges d’Ille-et-Vilaine.
Les cartes et graphiques sont publiés sous licence Creative Commons 4.0 – CC-BY-NC-SA.

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